Lascaux IV : la visite
Un lieu somptueux et ludique où la modernité est au service de la Préhistoire
Le Centre International de l’Art pariétal, qui a ouvert ses portes il y a un peu plus de deux ans, nous propose une immersion unique et fascinante dans le paléolithique.
TEXTE – Frédéric Lemont • PHOTOS – Dan Courtice & Frédéric Lemont
Lascaux IV : la visite | Article paru dans le numéro de printemps 2020 de notre magazine
Cet incroyable bâtiment, pensé par les architectes de l’agence norvégienne Snøhetta comme une longue incision du paysage, une ligne de béton gris clair à la façade vitrée qui paraît en mouvement, en continuité directe avec la colline, s’intègre parfaitement au paysage. À l’intérieur, la grandeur et l’élégance des lieux sont saisissantes. Quant à la scénographie, à la fois ludique, surprenante et rythmée, elle offre une expérience conçue pour nous connecter à cette Préhistoire si mystérieuse et captivante…
Un bâtiment intégré à la colline
Excellente nouvelle : en réservant notre visite, aucune attente ne vient entacher le début de cette expérience, un horaire de rendez-vous précis étant fixé. Là, un conférencier nous attend et nous conduit directement vers le belvédère extérieur, sur le toit du bâtiment depuis lequel notre regard embrasse un vaste panorama, comme pour mieux nous imprégner du contexte géographique de Lascaux.
Ce cheminement à ciel ouvert a été réfléchi pour nous replacer dans des conditions proches de celles que les adolescents “inventeurs” de la grotte ont connues en 1940. La visite se poursuit par celle de “L’abri”. Face à un écran géant, nous débutons notre voyage dans le temps… Comme au travers d’une fenêtre, l’image de la colline de Lascaux apparaît.
Remontons les aiguilles du temps
Peu à peu, l’écran renvoie à une vision de la vallée de la Vézère telle qu’elle était il y a près de 20 000 ans, lorsque le paysage entourant Lascaux ressemblait à une vaste steppe. Puis, un groupe de quatre jeunes adolescents des années 1940 traverse l’écran pour partir à l’aventure dans les bois de Lascaux, invitant les visiteurs à les suivre. Impossible de refuser ! Un sas nous attend. Une épaisse porte se referme derrière nous. Il fait sombre. Une seconde porte coulisse. La machine à remonter le temps a opéré sa magie : la grotte est là, devant nous ! À l’intérieur de cette réplique de la totalité de Lascaux – dont la réalisation scientifique minutieuse a été assurée par L’Atelier des fac-similés du Périgord –, l’atmosphère est celle d’une véritable grotte. Il y fait frais et sombre. Les sons sont étouffés. L’heure est au recueillement et à l’humilité face à la splendeur des œuvres !
(suite de l’article après les photos)
Le talent des hommes
Il y a des dizaines de milliers d’années, le talent des Hommes a généré des merveilles sur les parois. Aujourd’hui, le talent des Hommes parvient à nous faire oublier que nous évoluons dans une “copie”. Après avoir prodigué de passionnantes explications, notre conférencier nous conduit à “L’Atelier”, un espace moderne dans lequel la grotte est en quelque sorte “disséquée” pour mieux nous être expliquée.
“Nous cherchions à rendre la visite très respectueuse de la grotte originale, mais aussi résolument moderne, en employant les moyens d’aujourd’hui pour intéresser le public”, explique André Barbé, le directeur général de la Sémitour, l’entreprise du département de la Dordogne gestionnaire de sites culturels, d’hébergements et de loisirs. Et le moins que l’on écrire ici, c’est que c’est parfaitement réussi ! “La Maquette”, ce sont d’imposants “morceaux” de grotte pendus au plafond. Notre tablette permet de découvrir différentes peintures et gravures significatives, à notre propre rythme. Quant à “L’expérience de l’art”, elle permet de créer nos propres œuvres, avec les outils et techniques du Paléolithique.
Une dissection de la grotte
Au-delà de l’aspect ludique, cet espace permet de tout comprendre sur les techniques, les outils et les choix des artistes de l’époque… Il est alors temps de passer dans “Le Théâtre de l’art pariétal”, une suite de salles qui s’articulent en trois grands actes chronologiques. Tout d’abord, place au XIXe siècle, au moment de l’Exposition universelle de 1878 à Paris, lorsque les préhistoriens s’interrogeaient sur l’authenticité des découvertes de cette époque, quelques décennies avant la celle de Lascaux. Le deuxième acte se fait sous forme d’un spectacle scénarisé qui nous présente le travail des préhistoriens André Leroi-Gourhan et Henri Breuil. Enfin, on aborde le XXIe siècle, avec une découverte des technologies de pointe utilisées par les chercheurs contemporains. On passe ensuite dans le cinéma en 3D pour assister à la projection de Lascaux et le Monde, un film-multiécran en 3D…
(suite de l’article après les photos)
Notre visite se poursuit par un passage dans “La Galerie de l’imaginaire”, une véritable “grotte numérique” composée de 90 écrans reproduisant des œuvres de Miro, Tapies ou Picasso sélectionnées par Jean-Paul Jouary, philosophe et commissaire de l’exposition qui a ici mis en évidence les liens indéniables entre l’art pariétal et l’art contemporain. Des stations interactives permettent au visiteur de composer sa propre exposition en sélectionnant des images… À ne pas surtout manquer : la dernière salle, celle des expositions temporaires…
Nos origines communes
Jusque début juillet, “Continent rouge” nous mène en effet tout droit au cœur des rites immémoriaux que se transmettent, de génération en génération, les Tarahumaras de la Sierra mexicaine. Nous ressortons de Lascaux IV un peu différents que lorsque nous y sommes entrés, transcendés par les mystères de ce passé commun à toute l’humanité. De quoi se souvenir que nous avons tous les mêmes origines… et donc la même destination ? ■
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