Balade à Beregrac

Partons nous promener dans la splendide cité de Bergerac en prenant le temps de flâner un peu dans ses charmantes rues chargées d’histoire et de caractère…

Texte & photos – Frédéric Lemont

Photo de couverture © Paul Edmunds

1 – Le cœur de la ville ancienne

La place Pélissière, qui descend vers la rivière, véritable artère de la ville, est un paysage de carte postale à elle toute seule. Ou plutôt, plusieurs paysages puisqu’elle s’articule en différentes parties. C’est autour de cette place qu’on trouve les plus beaux témoignages de l’architecture locale du XIVe, XVe et XVIe siècles, réhabilités dans les années 1980. Une ville aux allures de décor de cinéma qui invite au songe et réveille l’imagination…

2 – « C’est une péninsule ! »

Comment évoquer Bergerac sans automatiquement songer au Cyrano d’ Edmond Rostand ? Ce n’est pas un, mais deux Cyrano qu’on peut croiser dans “L’îlot de l’ancien pont”.

La première statue se situe place Pélissière, juste à côté de l’église médiévale Saint-Jacques dont la construction a débuté au XVIe siècle. Le (long) nez en l’air, ce Cyrano de bronze coloré scrute le balcon en bois du mur-clocher de l’édifice religieux. Où est sa Roxane ? La seconde statue est en pierre. Elle se trouve place de la Mirpe.

Lors de son installation, son nez était régulièrement arraché par des malfaisants — la mairie a même dû constituer un petit stock de ces nez au cas où…

3 – Les « beaux quartiers »

Dès que l’on sort de la vieille ville, on découvre d’élégantes et larges rues et avenues. Des bâtiments tels que le tribunal, les anciennes Nouvelles Galeries ou encore l’église néogothique Notre-Dame édifiée par l’architecte Paul Abadie (le même que celui qui orchestra les travaux du Sacré-Cœur) entre 1856 et 1865 sur des plans de Violet-Leduc, atteste que Bergerac a été un port fluvial marchand prospère.

4 – Une capsule temporelle

Revenons un instant place de la Mirpe. Impossible de ne pas être pris d’une envie irrésistible de nous arrêter là et de flâner un peu. Ses maisons anciennes à colombage semblent avoir traversé les siècles fièrement.

À l’ombre des marronniers, on se prend à imaginer l’effervescence qui devait régner ici lorsque le port, situé à quelques dizaines de mètres de là, était l’un des plus importants d’Aquitaine et que les gabarres attendaient leur tour pour accoster. La ville était alors si riche qu’on dit même que lors de la venue de Catherine de Médicis, “les fontaines de la rue des Fontaines crachaient du vin pour réveiller les ardeurs des catholiques !

5 – Le cloître emblématique

En juillet 1621, c’est le bon roi Louis XIII lui-même qui a accordé à l’ordre des Récollets un terrain près de la Dordogne pour y établir ce magnifique cloître afin de ranimer la foi catholique dans la ville. Ces fameux Récollets, de l’Ordo fratrum minorum recollectorum (l’Ordre des frères mineurs recueillis), appartenaient à la tendance dite “observante” des franciscains, ordre religieux lui-même inspiré par Saint François d’Assise.

Le cloître s’articule autour d’une cour intérieure carrée bordée par une galerie reposant sur des colonnes cannelées. Ses murs de brique et de pierre entourent et protègent le superbe paulownia — sa floraison printanière est un spectacle à elle toute seule. À la Révolution, les ordres monastiques sont supprimés dans un élan anticlérical radical. Les protestants rachètent alors la chapelle pour y établir un temple où le culte y est célébré depuis 1797.

Les anciens bâtiments du cloître étaient quant à eux été racheté en 1954 par le Conseil interprofessionnel des vins de la région de Bergerac qui, après une restauration minutieuse, a choisi d’y établir son siège et la Maison des vins chargée de promouvoir les treize appellations bergeracoises. Depuis, la Maison des vins a déménagé dans le magnifique bâtiment Quai Cyrano.

6 – La battelerie

Déjà à l’époque gallo-romaine, la Dordogne était la principale voie de communication entre le Massif central et l’Atlantique. Bien sûr, la rivière n’était pas praticable toute l’année et il fallait attendre les pluies d’automne pour qu’il y ait suffisamment d’eau pour naviguer.

Les gabarriers affrontaient alors les rapides de la haute Dordogne sur des “Courpets”, des embarcations assez rudimentaires. Bien entendu : hors de question de remonter le courant avec ces bateaux. Une fois arrivés à bon port, ils étaient donc détruits pour que le bois soit vendu en même temps que leurs cargaisons. Depuis Souillac, les gabarres devaient affronter les rapides du Saut de la Gratusse avant d’arriver dans la Dordogne viticole.

Elles transportaient les pierres à moulin de Domme, les canons des forges du Périgord, et surtout les vins de Bergerac, de Sainte-Foy-la-Grande et de Castillon-la-Bataille. L’arrivée du chemin de fer au XIXe siècle mit malheureusement peu à peu fin à ce mode de transport fluvial…

7 – Marcher sur l’eau…

Le “Vieux pont” fait partie du quotidien des Bergeracois depuis le XIIIe siècle. Son histoire est tumultueuse. Plusieurs fois endommagé et détruit par des crues, la version élégante et sobre que nous pouvons admirer aujourd’hui date du début du XIXe siècle.

L’édifice échappe à une tentative de minage en 1940 annulée in extremis, puis à un bombardement par avion. En quittant la région, les Allemands n’eurent pas le temps de le faire sauter.

8 – Le Musée du tabac

Ce curieux animal est “Le Dragon”, une pipe en bruyère exposée au Musée du Tabac de Bergerac. La culture du tabac en Dordogne a en effet été un très bon moyen pour les paysans de sortir du système d’autosubsistance. En décembre 1857, cette culture très encadrée par l’état est autorisée dans le département de la Dordogne.

Les fermes y voient alors un moyen de s’assurer une rentrée d’argent significative en travaillant pour la Régie nationale des tabacs. Ce musée passionnant présente des collections d’objets uniques en Europe et raconte l’histoire des usages du tabac et des objets liés à sa consommation. Il est installé dans la Maison Peyrarède, dite “château Henri IV”, dont l’architecture du XVIIe siècle témoigne du passage de la Renaissance au Classicisme.

Retrouvez la suite de cette balade à Bergerac dans le numéro 3 du magazine L’Édition Périgord que vous pouvez commander et recevoir dans votre boîte aux lettres en cliquant ici.

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