Anne-Lan, peintre sur soie

Rencontre avec une artiste hors du commun

Cette peintre, qui a choisi la soie comme support pour ses toiles impressionnantes, est reconnue dans le monde entier pour sa technique irréprochable, ses qualités artistiques et l’inspiration qu’elle puise au point de rencontre entre deux cultures…

Par Frédéric Lemont

Anne-Lan, peintre sur soir | Article paru dans le numéro d’hiver 2019 de notre magazine

C’est dans sa grande maison familiale de l’avenue de Bordeaux de Brive-la-Gaillarde, où elle a vécu son enfance, que l’artiste nous attend. Cette bâtisse exceptionnelle, comme on peut encore en admirer quelques-unes dans cette partie de la ville, Anne-Lan a pour projet de la transformer en un centre culturel de la soie et de la léguer à une institution locale. 

C’est dans cette maison, ou plus précisément dans une petite annexe au-dessus d’une serre à l’ancienne, qu’elle nous fait visiter son atelier fantastique dans lequel elle a su construire un univers aussi chaleureux, éclectique et surprenant qu’elle… Un endroit où elle a créé durant de nombreuses années ses somptueuses toiles, qui ont une particularité bien singulière : celle d’être réalisées sur de la soie. 

 

“Lan” signifie “Fleur d’orchidée”…

Dans plusieurs langues asiatiques, “Lan” signifie “fleur d’orchidée” – ses pétales n’évoquent-ils pas eux aussi la soie ? Un prénom que porte donc à merveille cette femme délicate, fantaisiste et intuitive dotée d’un dynamisme et d’une créativité incomparables… Anne-Lan est une enfant du pays ouverte sur le monde. D’une part parce qu’elle a toujours eu le goût de découvrir, d’apprendre, d’entreprendre et de créer, comme on le comprend très vite à son contact, mais aussi parce que ses origines eurasiennes lui ont permis de grandir au riche point de rencontre entre deux cultures bien différentes. 

 

Dialogue entre les cultures

Cette artiste a d’ailleurs puisé son inspiration dans ses deux mondes. Ses toiles tissent en effet un fil de soie entre la maîtrise parfaite d’une technique de peinture orientale et la mythologie grecque qu’elle met souvent en scène dans ses tableaux, au milieu de décors inspirés d’œuvres asiatiques ou orientales. Sa peinture constitue un véritable “dialogue entre les cultures”, comme le soulignait justement en 2001 la Division du Dialogue interculturel de l’UNESCO dans l’ouverture du catalogue de l’exposition de l’artiste à Paris, Apollon et les muses.

Claire Moser-Gautrand, ancienne conservatrice en chef du patrimoine au Musée Labenche de Brive qualifiait quant à elle Anne-Lan de “onzième muse”, celle “qui possède le charme de surprendre en vous faisant rêver”.  Comme elle avait raison ! Les tableaux d’Anne-Lan sont une invitation au rêve, ils sont l’amorce d’un songe éveillé qui vient stimuler notre sixième sens, celui que l’on a tous quelque part au fond de nous, même si on l’a parfois enfoui après notre chère enfance : l’imagination.

(suite de l’article après les photos)

Une invitation au rêve éveillé 

Au départ, Michel a récupéré cet ancien atelier de plus de 1 000 mètres carrés pour entreposer ses véhicules de collections. Un endroit “dans son jus”, loin d’être ce que l’on peut admirer aujourd’hui. C’est alors que sa fille et lui ont eu l’idée d’un grand musée dans lequel on pourrait se replonger dans une époque lointaine. “Il fallait à tout prix montrer la multitude d’objets que mon père a conservés durant des décennies… il fallait donc que nous ouvrions un musée”, affirme Christelle.

 

1 000 m2 de voyage dans le temps

Créer la magie en nous transportant vers un univers parfaitement unique et enchanteur n’est pas le seul talent de cette artiste. Car, la technique de peinture qu’elle utilise est sans nul doute l’une des plus compliquées à maîtriser. Elle ne laisse aucune place à l’erreur. La main du peintre sur soie doit être précise, concentrée, adroite, en parfaite adéquation avec sa créativité, un peu comme celle de l’aquarelliste. La soie, qui boit et fait s’étaler la peinture, n’autorise qu’un seul passage de pinceau.

 

Une précision remarquable

Avant de pouvoir mettre ses toiles en couleur, Anne-Lan a dû élaborer un processus minutieux et rigoureux. Tout d’abord, il s’agit de réaliser un dessin préparatoire très précis sur un calque, qui sera par la suite relevé à l’encre de Chine d’un seul trait. Ce travail demande beaucoup d’attention et de connaissance, notamment en ce qui concerne les tracés en rapport avec l’anatomie humaine, science exacte s’il en est. Ce tracé, placé sous la soie tendue sur un châssis, sert alors de “guide” pour la prochaine étape.

C’est alors le moment de dessiner avec de la “gutta”, un fluide qui permet de délimiter les pourtours sur la délicate matière et de “contenir” les couleurs liquides qui se diffusent dans tous les sens. Ce trait doit être extrêmement précis, ni trop épais, ni trop large. Pour ce faire, la “gutta” est placée dans de petits cornets en papier fleuriste. Il faudra entre 100 et 200 de ces cônes fragiles pour réaliser une toile ! 

(suite de l’article après les photos)

Le cadre est ensuite surélevé et placé à l’horizontale, la peinture utilisée étant très liquide. La concentration est absolument indispensable. En effet, toute erreur est ici impardonnable et conduit à une sentence sans appel, celle de devoir tout recommencer ! Une fois le tableau terminé, il ne reste plus qu’à fixer les couleurs dans des vapeurs chaudes, ce qui est là aussi un travail de professionnel. Lorsque les couleurs sont fixées, plus rien ne peut les altérer… Chaque tableau qu’a produit l’artiste lui a nécessité entre 1 et 3 mois de travail !

 

Un parcours extraordinaire

L’œuvre d’Anne-Lan, naturellement douée en dessin, est absolument remarquable ! Pas étonnant qu’il ait été salué par la critique dans le monde entier et que de nombreuses expositions lui aient été consacrées. Pas étonnant non plus que cette artiste au parcours si extraordinaire – elle a commencé la peinture sur soie par hasard, en s’inscrivant à un atelier lorsqu’elle vivait à Paris et exerçait son métier d’orthophoniste – ait entre autres été récompensée par la Médaille du Musée de Kyoto pour le Salon International de 1998, la Médaille d’argent du Salon International de Shanghai en 1997, la Médaille d’or du Festival International d’Osaka, la Médaille d’or “Arts, Science et Lettres” ou encore la Médaille d’argent de la Ville de Paris. En 2015, Anne-Lan a aussi été sacrée Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres…

 

Sa chère Jeanne Villepreux-Power…

Aujourd’hui, cette artiste accomplie se concentre sur son projet “Arts et Sciences en Limousin” en organisant de nombreux événements, comme par exemple l’édition 2017 de la biennale du mouvement consacrée à la peintre Anna Maria Sibylla Merian, une femme libre, érudite, créative, née au XVIIIe siècle, une époque où l’on permettait alors bien peu aux femmes de l’être. Elle s’applique aussi à faire vivre la mémoire de sa chère Jeanne Villepreux-Power (de Juillac en Corrèze), une autodidacte passionnée et pionnière de la biologie marine, première femme membre de l’Académie des sciences de Catane et correspondante de la Société zoologique de Londres et de seize autres sociétés savantes… ■

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