Grotte de Lascaux : la découverte

Un hasard qui nous en dira long sur nos origines

en 1940, un groupe d’adolescents en pleine promenade découvre une cavité qui semble bien plus profonde qu’elle en a l’air. Une trouvaille qui va changer le monde

Par Frédéric Lemont

Grotte de Lascaux : la découverte | Article paru dans le numéro de printemps 2020 de notre magazine

Difficile d’imaginer un seul instant que Lascaux aurait pu ne jamais être découverte par ses “inventeurs” ! Pourtant, cette trouvaille, qui nous a tant éclairés sur notre passé commun, s’est fait par le plus grand des hasards, un jour de l’été 1940…

Plusieurs versions parfois un peu contradictoires de cette découverte capitale ont été rapportées depuis. Mais, selon l’histoire la plus fréquemment racontée, Lascaux est découverte le 8 septembre 1940, lorsqu’un jeune apprenti garagiste, Marcel Ravidat, trouve l’entrée de la cavité lors d’une balade avec ses camarades Jean Clauzel, Maurice Queyroi et Louis Périer.

 

Le fruit du hasard 

Son chien Robòt (orthographe occitane) se met subitement à poursuivre un lapin qui se réfugie dans un trou situé à l’endroit où un arbre avait été déraciné. Au fond de celui-ci : un orifice d’environ 20 cm de diamètre qui semble vraiment très profond ! En jetant des pierres pour essayer de faire sortir le lapin, Marcel Ravidat constate en effet que le trou communique avec une vaste cavité. Mais, il est impossible de partir l’explorer sans élargir et désobstruer l’étroit passage ! Le château de Lascque se situant à environ 500 mètres, les amis pensent qu’il s’agit probablement de la sortie d’un souterrain…

 

Exploration avec les moyens du bord

Quatre jours plus tard, et muni d’un matériel de fortune (une lampe à huile et un coutelas), Marcel revient sur les lieux du crime accompagné cette fois de Georges Agniel, Simon Coencas, Jacques Marsal. L’orifice est alors suffisamment élargi pour que Marcel se glisse à l’intérieur d’une petite cheminée verticale.

Prenant pied sur un cône d’éboulis, il dévale jusqu’en bas. Ses complices le rejoignent alors. À la lueur de leur lampe, ils traversent une salle d’une trentaine de mètres de long et aperçoivent les premières peintures (dans l’actuel diverticule axial). Ils décident de ne pas s’arrêter en si bon chemin et avancent prudemment dans l’ensemble des ramifications de la cavité. À chaque pas, les parois leur révèlent un fantastique bestiaire. Stoppés dans cette exploration par un trou noir qui s’ouvre vers d’autres prolongements de la grotte, ils décident de ressortir.

(suite de l’article après les photos)

Léon Laval et trois des inventeurs – Jacques Marsal, Marcel Ravidat et Georges Agniel – devant le campement établi à l’entrée de la grotte pour en assurer le la sécurité. (© Ministère de la Culture / D.R.)

De gauche à droite : L’instituteur Léon Laval, Marcel Ravidat et Jacques Marsal – deux des quatre adolescents ayant découvert la grotte – et l’abbé Henri Breuil, le préhistorien qui a authentifié la découverte. (© Ministère de la Culture / D.R.)

Une seule représentation humaine 

Bien décidés à poursuivre leur périple dans la grotte, ils reviennent le lendemain munis cette fois d’une corde qui permet à Marcel de s’aventurer le premier dans ce puits profond de huit mètres. Il découvre alors une scène qui représente un énigmatique homme ithyphallique à tête d’oiseau face à un bison éventré qui semble le charger. Cette peinture est la seule représentation d’un être humain dans la grotte. Et elle a en tout cas, depuis ce jour de septembre 1940, fait couler beaucoup d’encre !

 

Le pape de la préhistoire 

L’homme, aux bras étendus et au corps planant sur le dos, rêve-t-il ? Est-il dans une sorte de transe chamanique ? Cette hypothèse est aujourd’hui la plus soutenue par les préhistoriens… Une fois remontés à la surface, les jeunes amis partent conter leur folle aventure à leur instituteur, Léon Laval. Ce dernier se rend sur place. L’abbé Henri Breuil, qui sera plus tard surnommé “le pape de la Préhistoire”, est informé de cette découverte. Il fait sa première reconnaissance du site le 21 septembre. Henri Breuil est formel : ces figures sont authentiques ! Plusieurs préhistoriens mettent la main à la pâte, dont l’abbé Jean Bouyssonie, le Dr Cheynier et Denis Peyrony, conservateur du Musée de Préhistoire des Eyzies. Le mois suivant, sous la direction de Breuil, les premiers travaux de recensement sont entrepris.

 

Tourisme et fouilles 

De nombreux objets mobiliers, en os ou en silex, sont collectés. Les travaux d’aménagement de la grotte pour son exploitation touristique s’achèvent quant à eux en 1948 et les premières fouilles commencent l’année suivante. Dans cette première phase, seul le Puits est travaillé, sans doute dans l’espoir de trouver une sépulture au pied de la scène de l’homme et du bison. Mais rien de la sorte ne fut jamais découvert. André Glory succède à l’abbé Breuil, dont l’âge et la vue défaillante ne permettent pas de poursuivre ses travaux. En 1957, le secrétariat d’État aux Affaires culturelles le charge de suivre les travaux de terrassement menés pour la mise en place du système de régénération de l’atmosphère de la grotte.

(suite de l’article après les photos)

Henri Breuil relevant au calque le panneau du Cheval renversé. (© Ministère de la Culture / D.R.)

Car, le flux croissant de touristes provoque un apport trop important de CO2 qui acidifie la vapeur d’eau présente dans les galeries, ce qui corrode les parois. En 1962, l’abbé Glory engage une nouvelle fouille minutieuse du Puits. Il y découvre alors un matériel osseux et lithique relativement important, et notamment la fameuse lampe en grès rouge aujourd’hui visible dans une vitrine du passionnant

 

Maladie verte et maladie blanche 

Norbert Aujoulat poursuit les travaux de fouilles et d’interprétation. Ses recherches révèlent entre autres le rôle de l’architecture de la caverne dans la répartition des œuvres et celui des propriétés mécaniques, optiques et morphologiques des supports dans l’adaptation des techniques de peinture et de gravure. En 1960, la “maladie verte” fait son apparition. La respiration des visiteurs et les éclairages artificiels favorisent la dissémination de colonies d’algues sur les parois. L’enrichissement de l’atmosphère en CO2 génère la “maladie blanche”, un voile de calcite qui se dépose sur certaines œuvres. Le 17 avril 1963, André Malraux, ministre chargé des Affaires culturelles, décide d’interdire l’accès de Lascaux au public. Une décision salutaire puisque la détérioration de la grotte s’est poursuivie après l’arrêt des visites (apparition de moisissures blanches et de taches noires dues à des champignons particulièrement résistants).

 

Une situation stabilisée aujourd’hui

Il faudra attendre le 18 juillet 1983 pour “Lascaux 2”, le premier fac-similé de la grotte ouvre ses portes. Aujourd’hui, selon Muriel Mauriac, conservatrice de la “vraie” grotte de Lascaux , la prolifération des champignons a été stoppée. Pour autant, la présence humaine est limitée à 200 heures par ans et seuls quelques scientifiques bien chanceux sont autorisés à y pénétrer.  ■  

+ D’INFOS sur Lascaux et le Centre international de l’art pariétal en cliquant ici.

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