Le Château de Beynac

Un voyage au fil des siècles

Parmi les centaines de châteaux que l’on peut admirer dans le Périgord, celui de Beynac est l’un des plus emblématiques du patrimoine, fidèle à ce qu’il fut du temps de sa gloire passée grâce à une vaste et minutieuse rénovation menée par ses propriétaires. Suivez-vous et partons à sa découverte…

Texte & photos – Frédéric Lemont

Photo de couverture © SpiritProd33 – Shutterstock

Perchée sur son bloc rocheux, surplombant la sinueuse rivière, cette imposante sentinelle de pierre a fait l’objet de bien des querelles tout au long de son histoire, notamment entre les Français et les Anglais au Moyen-âge. Malgré cela, cette forteresse, dont la construction a débuté au XIIe siècle, est l’une des mieux conservées… ou plutôt rénovées de France. Elle est bien entendu aujourd’hui une des merveilles à découvrir dans cette Dordogne que l’on surnomme si souvent le pays des mille et un châteaux – on en compterait en réalité 1 200 !

Le château fort parfait

Beynac est le château fort féodal “idéal”, dans toute sa splendeur, tel que notre imaginaire pourrait le construire. Un véritable décor de cinéma ! Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’une quinzaine de films d’époque aient été tournés en partie ici, comme La Fille de D’Artagnan de Bertrand Tavernier, le deuxième opus des Visiteurs de Jean-Marie Poiré, Jeanne d’Arc de Luc Besson ou plus récemment le Fanfan la Tulipe de Gérard Krawczyk.

Un décord de cinéma authentique

Stratégiquement, économiquement et culturellement la position de cette bâtisse était totalement optimale. À 150 mètres au-dessus de la Dordogne, elle offre une vue imprenable sur toute la vallée, ce qui l’a toujours rendu prête à en découdre avec les potentiels envahisseurs. En outre, les seigneurs de Beynac ont pu imposer des taxes fluviales de passage pour les bateaux de marchandises en direction de l’ouest, mais aussi des taxes sur la traversée de la Dordogne, qui s’effectuait bien évidemment en bac à l’époque féodale. De quoi enrichir les maîtres des lieux !

Des seigneurs riches et puissants

On sait que la famille de Beynac s’est installée en haut de la falaise dès le XIe siècle. Au départ, un probable fort en bois couronnait le promontoire. C’est au siècle suivant que le donjon en pierres a été construit. Il est la tour militaire et défensive la plus haute d’un château fort. Ses murs sont épais et ses ouvertures très étroites. À son sommet, la hauteur semble vertigineuse, d’où son efficacité redoutable pour surveiller les environs ! Pénétrer dans le château était une tâche quasiment impossible…

(suite de l’article après les photos)

Il fallait en effet passer un double pont-levis, une double douve et trois herses avant d’arriver devant une énorme porte bardée de métal d’une demi-tonne… qui aurait tendance à vous dissuader d’essayer d’entrer en force ! Et quand bien même vous seriez parvenus à passer cette “lourde”, il vous aurait encore fallu survivre dans le sas défensif qui se cache derrière et notamment à ce que Robert Potier – l’un des guides passionnés et passionnants du château que nous avons eu la chance de suivre – appelle “les snippers de l’époque”, à savoir, les arbalétriers placés en hauteur, bien protégés dans un hourd, ce petit abri de bois défensif. “L’accueil périgourdin n’était pas réputé pour les mêmes raisons à l’époque !”, ironise Robert.

Des protections optimisées

Nous sommes ici au XIIe siècle, à la fin duquel Richard Cœur de Lion, fils d’Aliénor d’Aquitaine, s’empare de Beynac, qui devient alors un bastion anglais. Il séjourna donc ici alors qu’il rentrait des Croisades, dans sa chambre aujourd’hui meublée dans le style de l’époque par les nouveaux propriétaires du château très respectueux de l’Histoire. Il confia la charge de Beynac à l’un de ses capitaines : Mercadier. Cinq ans plus tard, Richard Cœur de Lion meurt à Chalûs en 1199, suite aux complications inévitables d’une blessure causée par un carreau d’arbalète dont l’extrémité a été trempée dans du fumier, comme il était de coutume à l’époque, pour assurer une belle infection mortelle aux rivaux simplement blessés.

Demeure de Richard Cœur de Lion ?

Quant à Mercadier, il est assassiné à Bordeaux l’année suivante, le lundi de Pâques 1200, alors qu’il venait présenter ses respects à Aliénor d’Aquitaine. Un meurtre qui donne l’occasion parfaite à la baronnie de Beynac de reprendre son rocher sans avoir à mener bataille. Beynac redevient français. Au XIIIe et au XIVe siècles, la puissance militaire et économique de Beynac atteint des sommets aussi hauts que celui de son donjon qui offre une vue à 360 degrés. La seule solution pour “prendre” Beynac aurait en effet été de l’assiéger, une technique militaire très coûteuse. Beynac reste donc “tranquille” jusqu’aux tensions de 1337, quand débute la guerre de Cent Ans. Avec des seigneurs alliés, eux aussi fidèles au roi de France, Beynac entreprend un travail de “sape” pour reprendre un à un les châteaux conquis par les Anglais. En 1453, la famille de Beynac remporte son ultime victoire en récupérant Castillon. La paix peut enfin régner dans la vallée de la Dordogne, désormais entre les mains des Français. Les Guerres de religion apporteront de nouvelles souffrances à la population qui subira de nouveaux impôts au XVIIIe siècle, ce qui contribua à un soulèvement des campagnes. Règne déjà une ambiance de… Révolution !

(suite de l’article après les photos)

Après avoir découvert la sombre salle des Gardes dans laquelle hommes et montures se côtoyaient, il est temps de poursuivre la visite en pénétrant dans une partie plus récente du château. La gigantesque salle des États nous attend au-dessus. Elle tient son nom des réunions qu’y tenaient probablement les quatre puissants barons du Périgord au XVe siècle, ceux de Beynac, Bourdeille, Biron, et Mareuille.

Un panorama époustouflant

L’oratoire ouvert sur la salle des États fut quant à lui décoré au XVe siècle. On y voit en autre une Pieta et une Cène… Après un passage sur la terrasse de l’Éperon pour admirer le panorama, puis devant le salon aux boiseries du XVIIe siècle et enfin dans l’escalier Renaissance, direction les cuisines. Avec un tel lieu, les seigneurs de Beynac firent à l’époque acte de leur puissance, tout comme avec le volume gigantesque de la salle des États dont on parlait à des centaines de kilomètres à la ronde…

Les nouveaux propriétaires continuent les travaux avec respect

Ces cuisines sont parfaitement mises en scène. On s’y croirait ! On ressort du château après un fabuleux voyage entre les mailles de l’Histoire. Une expérience rendue possible grâce à Lucien Grosso qui racheta Beynac en 1962, avec comme ambition celle de reconstruire la forteresse, alors en très mauvais état, telle qu’elle était au XIIe siècle. Un chantier pharaonique censé durer… 100 ans ! Les nouveaux propriétaires, Albéric et Audrey de Montgolfier, ont accepté la lourde tâche d’être les garants du respect total des lieux en orchestrant la suite des travaux entièrement menés grâce au compagnonnage, en utilisant les matériaux et techniques de l’époque. Rendez-vous donc vers 2060 pour admirer Beynac totalement (ré)achevé… ■

Retrouvez la suite de article sur les initiatives menées à La Tour-Blanche-Cercles en lisant le numéro 4 du magazine L’Édition Périgord que vous pouvez commander et recevoir dans votre boîte aux lettres en cliquant ici.

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